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Exutoire d'idées gênantes

Un pays en manque d'idées

9 Novembre 2015 , Rédigé par Valny

Des partis aux idéaux identiques

A force d'écouter et lire les journalistes ces derniers mois, on se rend compte que le véritable problème de notre pays aujourd'hui n'est pas la crise économique et le chômage qui en résulte, pas plus que l'immigration soit disant massive ou l'insécurité que beaucoup aiment montrer du doigt comme cause de tous les maux. Les "intellectuels" télégéniques, ou ceux qui se prétendent comme tels, n'ont pas plus d'idées que les politiques pour lesquels ils pensent. Et c'est là que réside le problème. Personne dans ce pays n'arrive à exprimer des idées qui n'ont pas montrées leurs failles depuis 40 ans.

La lutte des classes est devenue une notion qu'on ne voit plus que dans les livres d'histoire comme l'a montrée une humoriste qui, elle a encore des idées. Les partis de droite et d'extrême droite sont toujours aussi confiant dans l'idée que l’État est le problème, qu'il suffit de le réduire à son minimum pour que tout le monde vive heureux dans le meilleur des mondes possibles, que le modèle tel qu'il est ne nécessite que quelques aménagements. Le plus inquiétant est que les partis "de gauche" pensent désormais la même chose, avec l'aspect conservatiste de la société en moins. Reste la vraie gauche, que certains qualifient de gauche radicale, qui n'a toujours pas compris que le communisme était mort il y a 30 ans et qui pensent toujours que seuls quelques aménagements sont nécessaires.

En bref, tout le monde reste sur des positions dépassées depuis des décennies.

Il est devenu impossible de parler d'une voix différente sans se voir taxer de doux rêveur voire de dangereux extrémiste selon que l'idée proposée soit assez consensuelle mais un peu gênante ou qu'elle soit franchement révolutionnaire et tout à fait crédible. Aussi, faisons ici une liste d'idées qui pourraient être incluses dans ces deux catégories. De toute façon, vue l'audience limitée de ces articles (et c'est un euphémisme), je ne risque pas de me retrouver en prison pour trouble de l'ordre publique.

Une meilleure adaptation des travailleurs au marché du travail par des évolutions éducatives et sociales radicales

Les entreprises peinent aujourd'hui à recruter pour la même raison que les chômeurs peinent à trouver du travail. La spécialisation excessive des profils des travailleurs a conduit à un marché du travail sclérosé et trop compartimenté. Les entreprises doivent abandonner l'idée que ce n'est pas leur rôle de former leur personnel. Les étudiants n'apprennent pas à travailler, ils apprennent des notions qu'ils pourront éventuellement appliquer dans un cadre professionnel.

Pour résoudre ce problème, nous devons passer à une autre forme d'apprentissage. L'école n'apporte pas tout. En réalité, elle n'apporte plus grand chose de nouveau passé l'âge de 14 ans pour ceux que les études longues n'attirent pas. C'est donc à partir de cet âge que les individus devraient pouvoir travailler s'ils le souhaitent dans les entreprises qui accepteront de les prendre en main pour les former à leur besoin. L'allongement des études n'a pas permis une meilleure adaptation des jeunes au marché du travail, faisons donc l'inverse.

Cette idée doit être accompagnée d'une évolution sociale : si les jeunes sont capable de travailler à partir de 14 ans, ils doivent se voir reconnaître une responsabilité progressive sur leur personne. La citoyenneté ne serait plus donnée de manière pleine et entière à 18 ans mais progressivement, avec un droit de vote au scrutin municipal dès 15 ans, une possibilité de gérer leurs revenus et leur patrimoine avec l'aide de leurs parents dès qu'ils ont une activité professionnel, la pleine capacité juridique dès qu'ils en seront reconnus capable, soit par leurs parents, soit par une autorité autonome.

A l'opposé, le système de l'enseignement supérieur doit être rendu plus équitable en abandonnant la tradition trop française des grandes écoles. L'Université peut répondre à tous les besoins de formation supérieure si on lui en donne les moyens. Pour cela, toutes les grandes écoles actuelles, publiques ou privées, doivent être dissoutes et leurs budgets réalloués à l'Université publique. Seules les universités publiques pourraient délivrer des diplômes reconnues par l’État et donnant droit à se présenter à des concours de la fonction publique.

Une moindre taxation des revenus du travail au profit d'une égalité des chances plus poussée

La population française se plaint ces derniers temps d'une ponction trop importante dans ses revenus du travail. C'est un fait, une bonne partie de nos revenus sont prélevés pour financer les services publiques. Cette ponction a beau être progressive, elle ne permet cependant pas une réelle équité entre les hauts et les bas salaires. Les hauts salaires paient toujours proportionnellement moins d'impôts que les bas salaires. Peut-être prenons nous donc le problème du mauvais côté.

La taxation des salaires devrait être progressive et généralisée, y compris pour les bas salaires, à la condition qu'elle soit réduite de beaucoup. Toutes les charges et impôts doivent être prélevés à la source afin que ce qui reste sur la fiche de salaire soit notre gain réel et pas un espoir de pouvoir grappiller encore quelques miettes. Les revenus du travail doivent être le reflet du travail effectivement fourni et donc ne pas être prélevés si drastiquement.

Vous me direz, si tout le monde paie moins d'impôts, comment faire rentrer l'argent dans les caisses de l’État et en quoi est-ce plus équitable que ceux qui gagnent déjà beaucoup en garde encore plus? En rappelant un principe simple, celui de l'égalité des chances.

L'égalité des chances n'est pas d'essayer d'équilibrer des situations déjà en place mais de faire en sorte que tout le monde parte de la même ligne de départ. Une des façon d'y parvenir serait tout simplement de supprimer l'héritage et le don intergénérationnel descendant.

Une personne qu'on peut qualifiée de favorisée ne pourrait ainsi plus bénéficier du patrimoine matériel de ses parents. D'un autre côté, une personne peu favorisée n'y verrait pas une grande différence étant donné le peu de bénéfice qu'elle tire de ce type d'opération. Les patrimoines des défunts seraient ainsi intégralement reversés à l’État. Les dons entre vifs seraient encadrés strictement et taxés lourdement afin de ne pas fausser le système.

Ce système ne résoudrait qu'une partie du problème, le patrimoine le plus important n'étant pas matériel mais social. Il devra être complété par un meilleur accompagnement des jeunes afin qu'ils puissent suivre les études de leur choix, peu importe leur milieu d'origine.

Un abandon progressif de la propriété immobilière

Un autre problème actuel est celui du logement. Le fait que les pouvoirs publics contrôlent l'urbanisme mais pas le marché crée une distorsion entre l'offre et la demande. La encore, une solution radicale peut être envisagée, celle de l'abandon de la notion même de propriété privée immobilière. Les biens immobiliers pourraient être détenus par les pouvoirs publics et les occupants seulement locataires selon des dispositions variables.

Ainsi, certains locataires pourraient ne pas avoir à payer de loyer pendant plusieurs années s'ils financent eux-même la construction de leur logement tandis que les villes resteraient toujours propriétaires des terrains et des constructions et n'auraient plus à prélever de taxe d'habitation ou foncière, le loyer faisant office de revenu des pouvoirs locaux. De plus, le fait que les pouvoirs publics ne soient pas toujours maîtres-d’œuvre et instigateurs des projets immobiliers réduirait la crainte de voir les erreurs des grands ensembles des années 1950 à 1970 se répéter.

Les logements seraient répartis en fonction des besoins, des lieux de travail et des accès nécessaires aux habitants. Les bâtiments professionnels, aussi bien les immeubles de bureaux que les fonds de commerces et les bâtiments industriels, pourraient être répartis de façon plus efficace pour limiter les déplacements et ainsi faire disparaitre presque totalement les besoins de transports individuels ou en commun.

Une alternative à l'incarcération de masse

La prison comme unique méthode de sanction pénale a depuis longtemps montré ses limites. L'idée même de l'incarcération était pourtant dès l'origine conçue comme une exception. Mettre quelqu'un dans une cellule, c'est l'extirper de la société car il constitue une menace pour celle-ci. Force est de constater que la majorité des détenus n'entrent pas dans cette définition. D'autant plus que les prisons françaises sont désormais plus une école du crime qu'un lieu de réinsertion sociale.

Bien sûr, les meurtriers, les personnes violentes, les violeurs et doivent être mis à l'écart. Cependant, certaines condamnés pourraient très bien être punis bien plus sévèrement et avec plus d'efficacité par une peine qui ne consiste qu'en les extirpant de leur milieu d'origine. Il ne s'agit pas ici de rouvrir les bagnes de Guyane ou de Nouvelle-Calédonie mais plutôt de proposer des travaux d'intérêt général dans des lieux isolés, dans des régions en désertification et qui peuvent parfois manquer de main-d’œuvre.

Une autre méthode drastique pour résoudre la surpopulation carcérale serait d'abonner la politique de prohibition envers les drogues douces comme j'ai pu l'exposer dans un article précédent.

D'un autre côté, il est anormal que ceux qui commettent des délits dans le cadre de fonctions publiques puissent à nouveau les exercer après une période d'inéligibilité. Une peine d'indignité publique à perpétuité doit pouvoir être instituée pour les hommes politiques reconnus coupable de délits ou de crime se rapportant à de la corruption ou d'un abus de pouvoir. Cette peine prendrait la forme d'une suppression pure et simple des droits politiques : un indigne n'aurait plus de droit de vote ou d'éligibilité à aucune élection pas plus que le droit d'adhérer à un syndicat, à un parti politique ou à une association.

Vers un rééquilibrage des politiques européennes

L'Union européenne est aujourd'hui en panne d'idée elle aussi. La France est depuis longtemps critiquée pour son manque de rigueur budgétaire par son puissant voisin allemand. Il faut cependant relativiser la chose. Les routes d'outre-Rhin ne sont entretenues qu'à la marge depuis plus de 20 ans, la démographie allemande étant depuis longtemps en berne les dépenses d'éducations sont mécaniquement limitées et son armée est si mal pourvue qu'elle ne peut fournir aux actions extérieures que des avions de transports et quelques troupes symboliques.

Plusieurs pays de l'Union critiquent nos dépenses alors qu'ils en bénéficient sans s'en plaindre. Depuis la fin de la guerre froide, la France est le seul pays, à l'exception notable du Royaume-Uni, à considérer la sécurité de son territoire sur une échelle globale. Les interventions françaises récentes au Mali, au large de la Somalie, en Irak et en Syrie visent à assurer la sécurité à tous les pays européens mais les citoyens français sont les seuls à en payer le prix.

De même, les pays qui constituent aujourd'hui la frontière extérieure de l'Europe sont laissés seuls pour gérer des flux de population très importants dans un contexte économique difficile. Plusieurs autres pays bénéficient des migrations de jeunes citoyens européens en quête d'un travail qu'ils ne trouvent pas dans leur pays d'origine alors que c'est leur pays d'origine qui a financé leur formation.

Peut-être serait-il temps de mettre sur pied au mieux une politique de défense et de sécurité aux frontière commune européenne, ou au minimum un système de péréquation, pour que l'Europe puisse s'affranchir enfin de la tutelle de l'OTAN. De même, une solidarité économique pourrait être mise en place pour des axes spécifiques des politiques étatiques comme l'enseignement supérieur et les infrastructures.

Des idées qui restent utopiques

Les idées ici effleurées méritent développement, bien entendu. Elle peuvent être vues comme aberrantes, révoltantes pour certaines sensibilités, utopiques dans certains cas. Restent que ce sont des idées qui changent un peu de ce que vous pouvez lire et entendre dans d'autres médias. Et qui ne sont pas lissées pour plaire au plus grand nombre et qui, pour cette raison, ne plaisent plus à personne.

Le but de cette succession d'idées est de susciter un débat, ou au moins une réflexion auprès de ceux qui liront ces lignes. D'autres idées existent, d'autres sont intéressantes et j'espère en lire ou en entendre grâce à vous.

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